CHIRURGIE DU PIED ET DE LA CHEVILLE
Docteur Baptiste BENAZECH
L’hallux rigidus est une arthrose de l’articulation métatarso-phalangienne de l’hallux (douleurs à la base du gros orteil). Cette dégradation arthrosique va entraîner des douleurs importantes à la marche associées à une raideur de cette articulation. On observe peu ou pas de déformation de l’axe de ce premier orteil lorsqu’il devient douloureux (contrairement à un hallux valgus). On peut observer de temps en temps une « bosse » sur le dessus de cette articulation. Il n’y a pas d’origine précise. Cette tuméfaction douloureuse est en fait un bec osseux lié à l’arthrose de l’articulation autrement appelée dorsal bunion.
Les patients sont gênés au début pour les activités intenses type course à pied ou pour le port de talons très hauts. En effet, le premier symptôme qui se développe sur l’articulation métatarso-phalangienne est la raideur. Petit à petit des douleurs s’installent, elles sont uniquement à l’effort. Rapidement, elles deviennent permanentes lors de la marche. Le dorsal bunion (bosse sur le dessus du gros orteil) apparaît à un stade relativement précoce de la pathologie. Classiquement, on décrit 4 stades dans ce type de pathologie, ces stades sont liés à la raideur de l’articulation.
L’hallux valgus est une déformation douloureuse du premier rayon. Les patients porteurs d’un hallux valgus sont gênés par des douleurs à la marche. Ces douleurs peuvent même être nocturnes dans les phases de poussées inflammatoires. Ces phases de poussée se succèdent dans le temps à un rythme et pour des durées très variables d’un patient à l’autre.
Lorsque la déformation est devenue importante, on voit apparaître une gêne au chaussage. On peut observer un élargissement de l’avant-pied qui pousse bien souvent les patients à changer de pointure de chaussures.
Enfin, lorsque l’hallux valgus devient très prononcé, il interfère avec les orteils latéraux et peut créer des déformations sur le deuxième, troisième et quatrième orteils. Cette propagation des déformations sur les rayons latéraux devient alors problématique car il ne s’agit plus d’un hallux valgus simple mais d’un trouble statique de l’avant-pied. On voit apparaître des cors sur les orteils du fait de l’aspect en griffe des orteils et des douleurs avec durillon sous l’avant-pied appelées métatarsalgies.
Le traitement médical est un traitement permettant la réduction des douleurs. Cependant le traitement médical ne guérit pas l’hallux rigidus et ne peut pas ralentir sa progression.
Un traitement antalgique sera proposé pour mieux supporter ces douleurs.
Une modification du chaussage sera proposée avec diminution des talons et port d’une semelle plus rigide de façon à éviter les contraintes sur l’avant-pied. Une perte de poids excessif sera toujours justifiée.
On peut réaliser des semelles orthopédiques avec une barre rigide sous l’articulation métatarso-phalangienne de façon à éviter trop de mobilité de cette articulation. En effet, si on réduit la mobilisation de cette articulation, le pas de vient franchement moins douloureux. Malheureusement ce traitement médical n’a d’intérêt que temporairement et il est assez mal vécu par les patients car il ne permet pas une activité sportive libre ni un chaussage aisé.
Les symptômes qui doivent conduire à consulter sont les suivants : douleurs sévères, gênes au chaussage, diminution du périmètre de marche.
Un simple bilan radiologique des 2 pieds face et profil en charge est nécessaire. Aucun autre examen radiologique ne doit être engagé à priori. Le bilan radiologique doit comporter des radiographies des deux pieds en charge de face et profil + des clichés des deux chevilles de face en charge avec fil de Méary.
Chaque stade de l’hallux rigidus peut justifier d’un traitement particulier. Le traitement de ce type de pathologie va être à la carte en fonction des malformations et des dégradations observées. Ainsi on pourra réséquer la bosse sur le dessus du gros orteil ou réduire la longueur d’un métatarsien si celui-ci semble trop long.
CHEILECTOMIE :
La cheilectomie est la résection de la bosse sur le dessus du gros orteil (dorsal bunion). Cette cheilectomie permet de libérer l’articulation et de redonner de la mobilité. L’efficacité est temporaire mais permet souvent la reprise des activités sportives. L’intervention peut être réalisée en ambulatoire. Dans les suites de l’intervention, un chaussage standard est immédiatement repris. On réalise des séances de rééducation au niveau de l’articulation métatarso-phalangienne de façon à bien entretenir la mobilité. L’arrêt de travail est relativement court, 3 à 4 semaines, et la reprise de la conduite automobile peut être réalisée dans le même délai.
OSTÉOTOMIE MÉTATARSIENNE :
Cette intervention va consister à corriger un désordre anatomique au niveau de l’avant-pied. En effet, dans certains cas, il existe un gros orteil plus long que les orteils latéraux. Cet excès de longueur sur la première colonne explique la compression de l’articulation et l’arthrose rapide. Cette intervention sera décidée en fonction du bilan radiographique réalisé et de l’anatomie du pied. La chirurgie et les suites sont les mêmes que celles d’un hallux valgus. Lien traitement hallux valgus.
ARTHRODÈSE MÉTATARSO-PHALANGIENNE :
Il s’agit d’une intervention qui consiste à bloquer l’articulation métatarso-phalangienne. Au décours de cette intervention, on retire le cartilage de l’articulation et on réalise la fusion du premier métatarsien avec la première phalange. Cette intervention bloque tous les mouvements à la racine du gros orteil. Quelques mois après l’intervention, la marche pourra être reprise sans difficulté. En effet, il n’y a pas de boiterie après ce type d’intervention. A noter tout de même que la hauteur des talons devra être standardisée. En effet, la mise sur la pointe des pieds n’est plus possible et il faut donc éviter de passer d’une chaussure plate à une chaussure à hauts talons. Cette intervention permet une disparition totale de la douleur. Elle est donc à envisager dans les stades évolués (stade 3-4) d’hallux rigidus.
L’intervention peut avoir lieu en ambulatoire. Le lendemain de l’intervention, le pied peut être posé au sol à l’aide d’une chaussure de décharge partielle de l’avant-pied. Cette chaussure devra être portée 4 à 6 semaines en fonction de la complexité de l’intervention. Les pansements sont généralement réalisés tous les deux jours avec ablation des fils de suture à 21 jours après l’intervention. Pendant les 4 à 6 semaines de port de la chaussure orthopédique, une anticoagulation préventive est mise en place. Cette anticoagulation consiste en une piqûre quotidienne de façon à éviter le risque de phlébite. L’appui avec la chaussure orthopédique permet de se déplacer au domicile. Les marches prolongées doivent tout de même être évitées. Avec ce type de chaussure, on peut monter un étage. Il faut cependant éviter les allers et retours incessants dans les escaliers car l’appui n’est pas forcément très stable et il existe un risque de chute potentielle. Lorsque l’on retire la chaussure orthopédique au bout de 4 à 6 semaines, un chaussage standard peut être repris. Il faut que ce chaussage standard soit large de façon à éviter de comprimer le pied. En effet, il existera un œdème post-opératoire qui durera 2 à 4 mois en fonction du terrain du patient. La reprise de la conduite automobile a lieu entre 6 et 8 semaines post-opératoires. L’activité professionnelle pourra être reprise 2 à 3 mois après l’intervention en fonction du type de profession exercée.
Lors de l’arthrodèse est mise en place une plaque et/ou des vis qui ne seront pas retirées à priori. En effet, ces plaques et vis sont destinées à rester dans le corps humain à vie. Cependant si la plaque gênait au chaussage (dans les pieds très minces), elle pourra être retirée 8 à 12 mois après l’intervention. Lorsque le retrait de cette plaque est nécessaire, l’intervention est réalisée en ambulatoire et dans les suites un chaussage standard peut être repris immédiatement ainsi que la marche et la conduite automobile.
L’anesthésie est loco régionale dans la grande majorité des cas et en l’absence de contre-indication. Elle consiste à vous « endormir » le pied pendant une longue période afin que vous ne ressentiez pas ou peu de douleur. Cette technique permet d’éviter une anesthésie générale beaucoup plus invasive pour l’organisme et pourvoyeuse de nombreux effets secondaires : nausées, vomissements, fatigue, malaise, désorientation, retard d’alimentation, retard de sortie de la clinique...
L’anesthésie loco régionale s’effectue par piqûre au niveau de la cheville qui assure la sensibilité de l’ensemble du pied. Vous pourrez ainsi être opéré(e) sans rien ressentir du tout. Durant l’intervention vous pourre être également sédaté en continu afin de n’éprouver aucune sensation de stress ou d’anxiété. L’anesthésie loco régionale est contre indiquée dans les cas de pathologies neurologiques (antécédent de paralysie, neuropathie périphérique ...), d’antécédents infectieux à la jambe, de trouble de la coagulation, de surpoids...
L’anesthésie générale peut vous être proposée en cas de contre indication à l’anesthésie loco régionale ou si vraiment vous le souhaitez.
Il n’y a pas de transfusion sanguine dans la chirurgie de l’avant pied. Si toutefois vous souffrez d’anémie il vous sera peut être prescrit par l’anesthésiste avant l’intervention du fer ou de l’érythropoïétine (EPO) substance qui stimule la fabrication des globules rouges.
La chirurgie du pied a réputation d’être douloureuse.
L’amélioration des techniques chirurgicales mais également les progrès de l’anesthésie ainsi que la prise en charge optimisée de la douleur après l’opération ont permis aujourd’hui de réduire considérablement l’importance de celle ci.
La douleur n’en reste pas moins une réaction individuelle d’une grande diversité.
TRANSPORT
Tramway Ligne 2 Arrêt Sabines
Bus Ligne 17 & 18 & "La ronde" arrêt Sabines
PARKING (payant)
Au niveau -1 Accès direct par ascenceur
Accessible aux personnes handicapées & PMR
Chicken-Ed 2012-2023 tous droits réservés