CHIRURGIE DU PIED ET DE LA CHEVILLE
Docteur Baptiste BENAZECH
L'orteil en griffe est une déformation dans laquelle l'orteil perd sa rectitude et prend une forme repliée, courbe, comme la griffe d'un oiseau.
La déformation en griffe d’un ou de plusieurs orteils ne trouve pas sa cause au sein même des orteils, mais elle est la conséquence d’un défaut d’appui de l’avant pied et d'une surcharge mécanique au niveau d’un ou de plusieurs métatarsiens (os situés à la base des orteils), ce qui engendre une contraction ou crispation des orteils conduisant progressivement à leur déformation en griffe.
Les déformations sont progressives, souples à leur début, puis deviennent rigides par rétraction des tendons et des articulations de l’orteil. La déformation en griffe des orteils entraîne la formation de cors au dessus des orteils par conflit avec la chaussure et parfois de durillons au bout des orteils conséquence d'un appui qui s'effectue à l'extrémité de l'orteil. Cors et durillons sont responsables de douleurs notamment au chaussage, et peuvent s’ulcérer et à l’extrême s’infecter.
Les semelles orthopédiques sont efficaces sur des déformations en griffe encore souples pour ralentir le processus de déformation.
Les soins réguliers de pédicurie soulagent les cors douloureux.Des orthoplasties achetées en pharmacie ou réalisées par un podologue protègent l’orteil des frottements dans la chaussureUn chaussage adapté large évite le conflit avec les orteils déformés.
Un simple bilan radiographique des deux pieds face et profil en charge est nécessaire.
Les raisons principales qui justifient l’intervention chirurgicale sont:
• la douleur
• une déformation en griffe importante
• une déformation en griffe fixée
• l'échec du traitement médical
Le traitement chirurgical des déformations en griffe des orteils comporte différents types de gestes plus ou moins associés :
- La ténotomie est une section de tendon, soit extenseur (releveur de l’orteil)(1), soit fléchisseur (abaisseur de l’orteil vers le sol)(2-3), soit des deux : ces tendons sectionnés se reconstituent par cicatrisation et se trouvent ainsi allongés
- L’arthrolyse est une section des ligaments rétractés autour d’une articulation, soit l’articulation métatarso phalangienne à la base de l’orteil enraidie en extension (vers le haut), soit l’articulation inter phalangienne proximale au milieu de l’orteil enraidie en flexion (vers le sol).
- L’ostéotomie (4) est une section osseuse au niveau d’une phalange visant à corriger la position de l’orteil et parfois aussi à raccourcir un orteil trop long.
- L’arthroplastie (5) est la résection des surfaces articulaires d’une des articulations inter phalangiennes situées au niveau de l'orteil, un tissu fibreux se développant entre les surfaces osseuses assurant le maintien de quelques degrés de mobilité.
- L’arthrodèse (5) est un blocage articulaire, réalisé par résection des surfaces articulaires et fixation de l'articulation par un implant métallique. L'arthrodèse et l'arthroplastie s'adressent principalement aux déformations sévères et rigides.
Sauf pour la réalisation des arthrodèses la chirurgie des griffes d’orteil n’utilise pas de moyen de fixation, broches ou implants.
L'anesthésie est soit locale par piqûre à la base de l’orteil lorsque la chirurgie porte sur un ou deux orteils, soit loco régionale par piqûre à proximité des nerfs autour de la cheville, assurant une anesthésie prolongée. Durant l’intervention une médication complémentaire peut être administrée afin de réduire le stress. L’anesthésie générale est cependant envisagée en cas de contre indication à l’anesthésie loco régionale (antécédent de paralysie, sciatique, neuropathie périphérique, antécédents infectieux à la jambe, troubles de la coagulation, surpoids...)
La chirurgie mini invasive, mais surtout l’anesthésie loco régionale dont les effets sont prolongés sur près de 24 heures, ainsi que la prise en charge optimisée de la douleur après l’opération, permettent de réduire considérablement l’importance de la douleur qui n’en reste pas moins une réaction individuelle.
La chirurgie des orteils en griffe est en règle générale réalisée en ambulatoire. Les conditions requises pour réaliser une chirurgie en ambulatoire sont :
• une proximité géographique avec un centre de soins
• la présence d’un entourage de proximité
• une chirurgie ne portant que sur un pied
• l’absence de contre indication à l’anesthésie loco régionale
• un terrain non propice à la réaction douloureuse
• l’absence d’intolérance aux antalgiques
Une chirurgie en ambulatoire suppose par ailleurs votre acceptation de l’ensemble du protocole de soins, et une validation à la fois du chirurgien et de l’anesthésiste.
L'objectif premier de l'intervention est de corriger la déformation des orteils, de faciliter le chaussage et de retrouver une marche normale et indolore. Le port de talons hauts, la poursuite d'activités sportives, de danse ou de randonnée, conditionnés par l’importance des déformations initiales et les capacités de récupération propres à chacun, ne constituent pas l'objectif principal de l'intervention. Les conditions nécessaires à l'obtention d’une récupération fonctionnelle la plus complète possible sont, en outre, l’absence de complication post opératoire, et l’absence d’autres pathologies associées, notamment de métatarsalgies (douleurs plantaires) qui peuvent poursuivre leur évolution au delà de l’intervention et nécessitent le plus souvent le port régulier de semelles orthopédiques. En cas d'hallux valgus ou d'affaissement plantaire associés mais non corrigés car bien tolérés, l'orteil ne peut retrouver une position parfaite entre les orteils voisins, laissant persister soit un chevauchement soit une position surélevée de l'orteil. La chirurgie des griffes d’orteils quel que soit le geste réalisé s’accompagne d'un raccourcissement et d’une raideur résiduelle de l'orteil, qui ne sont ni douloureux, ni gênants à la marche ou au chaussage.
Le temps de récupération est en moyenne de 6 semaines. L’appui est repris dès le lendemain de l’intervention.
La marche durant les 15 premiers jours est limitée, ne dépassant pas 10 minutes pour chaque déplacement, le pied devant rester le plus souvent en position allongée. La marche augmente ensuite progressivement en durée. Une marche normale est retrouvée dans un délai moyen de 1 mois ½.
Le chaussage s’effectue à l’aide d’une chaussure post opératoire lorsque la chirurgie porte sur plusieurs orteils à la fois. Il est remplacé ensuite par une chaussure fermée de type tennis, pour retrouver un chaussage « normal » au delà de 6 semaines.
La conduite automobile est envisageable entre 15 jours et 3 semaines. Il s’agit d’une question de sécurité (sauf voiture automatique après chirurgie du pied gauche).
La reprise du travail s’effectue entre 15 jours et 4 semaines selon l’importance du geste chirurgical, mais peut être plus tardive pour un travail essentiellement debout ou un travail physique lourd.
Les activités sportives ne sont reprises qu’au delà de 1 mois ½, exception faite de la natation à partir de 3 semaines, ou de toute activité ne nécessitant pas un appui répété sur l’avant pied.
Les complications communes à toute intervention
L’infection nosocomiale : Il s’agit le plus souvent d’une infection superficielle n’entraînant qu’un retard de cicatrisation. L’infection profonde, osseuse ou articulaire, est une complication rare mais grave. Le risque infectieux est minimisé par les précautions pré opératoires et per opératoires (administration d’antibiotiques lors de l’intervention), mais relève aussi de facteurs individuels : défaut d’hygiène corporelle, tabagisme, alcoolisme, obésité, dénutrition, diabète déséquilibré, lésions cutanées, infection urinaire, mauvais état dentaire, antécédent d'infection des os et des articulations, rhumatisme inflammatoire, maladie systémique, maladie dys immunitaire..., traitement médicamenteux : corticoïdes, immunosuppresseurs, chimiothérapie anti cancéreuse...
La phlébite est la formation d’un caillot de sang dans une veine, lequel peut migrer dans les poumons réalisant une embolie pulmonaire. Les facteurs de risques sont le tabagisme, les contraceptifs oraux, l’hormonothérapie substitutive de la ménopause, les antécédents personnels ou familiaux de phlébite, l’insuffisance veineuse, les varices, l’obésité, les troubles de la coagulation et certaines affections (insuffisance respiratoire, insuffisance cardiaque, maladie inflammatoire, maladie neurologique, cancer, syndrome néphrotique, polyglobulie, thrombocytose, hyperhomocystéinémie, syndrome des anti phospholipides …).
Le saignement peut entraîner la formation d’ecchymoses ou « bleus » sans conséquence, plus rarement d’un hématome (poche de sang) pouvant nécessiter son évacuation. Les facteurs de risque hémorragique sont les traitements anticoagulants qui doivent être signalés, et certaines affections (thrombopénie, thrombopathie, hémophilie, maladie de Willebrand, insuffisance hépatique, hypovitaminose K ...)
L’ischémie est la formation d’un caillot à l’intérieur d’une artère, pouvant conduire à une nécrose (« ou gangrène ») des tissus. Les facteurs de risque en sont le tabac, le diabète, les antécédents d’artérite des membres inférieurs, les antécédents d’infarctus du myocarde ou d’angine de poitrine, les antécédents d’accident vasculaire cérébral, les vascularites inflammatoires...
Les retards de cicatrisation nécessitent des soins locaux prolongés et sont consécutifs à un hématome, une infection superficielle, une reprise trop précoce des activités ou un trouble de la cicatrisation cutanée dont les facteurs de risques sont le tabac, l’obésité, le diabète, l’artérite, les neuropathies périphériques, les rhumatismes inflammatoires, les maladies systémiques, les traitements immunosuppresseurs, les traitements corticoïdes, les infiltrations locales de cortisone... Le rejet de points de suture est une complication anodine qui se traduit par un gonflement et une inflammation, puis par l’évacuation d’un liquide à l’aspect de pus qui précède la cicatrisation. Cela nécessite des soins antiseptiques locaux mais non la prise systématique d’antibiotique. Les cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes sont la conséquence soit d’un retard de cicatrisation soit d’une prédisposition qui doit être signalée lorsqu’elle est connue.
L’algodystrophie est une réaction inflammatoire et douloureuse consécutive au traumatisme chirurgical et qui s’étend à l’ensemble du pied parfois jusqu’au genou. Il n’y a pas de traitement spécifique de l’algodystrophie en particulier médicamenteux. Son évolution est longue s’étendant sur plusieurs mois voire une année. La récupération est en général complète mais peut laisser cependant en séquelle une raideur articulaire, ou des douleurs résiduelles.
Le risque de douleur résiduelle est inhérent à tout type d’intervention chirurgicale, faisant suite ou non à une algodystrophie. Ces complications sont en général favorisées par des affections prédisposantes: les antécédents d’algodystrophie, la fibromyalgie, le syndrome de fatigue chronique, la dépression, la spasmophilie, le syndrome des jambes sans repos, et certaines affections neurologiques ...
La blessure d’un nerf au niveau d’un orteil n’affecte pas le mouvement mais sa sensibilité (à distinguer dans les suites opératoires d’un engourdissement normal et passager). La blessure d’un tendon entraîne une perte de mouvement volontaire de l’orteil, dont les conséquences peuvent justifier une nouvelle intervention.
Les complications propres à une chirurgie osseuse
La consolidation osseuse des ostéotomies s’effectue entre 1 mois ½ et 3 mois. Un retard de consolidation osseuse peut durer plusieurs mois pendant lesquels l’orteil reste douloureux à la marche. La pseudarthrose est une absence de consolidation osseuse, événement exceptionnel mais qui a pour conséquence la nécessité d’une nouvelle intervention. Le cal vicieux est la consolidation d’une ostéotomie dans une mauvaise position pouvant affecter la bonne correction des orteils et nécessiter une nouvelle intervention. Le risque de complication osseuse est conditionné par les difficultés techniques éventuelles lors de l’intervention, par le respect des consignes post opératoires concernant en particulier l'appui du pied, mais aussi par des facteurs de risques que sont le tabagisme, l’alcool, l’obésité, la dénutrition, l’ostéoporose, le déficit en vitamine D, les antécédents de rachitisme, le diabète, les traitements par corticoïdes, l’hyperparathyroïdie...
Une excroissance osseuse résiduelle autour d’une ostéotomie, d’une arthroplastie ou d'une arthrodèse peut être responsable d’une gène ou d’une douleur résiduelle au chaussage et nécessiter son élimination en général par fraisage per cutané. Les ostéotomies réalisées en percutanée à l’aide de fraises produisent une poussière d’os qui quelques fois s’élimine sous la forme d’une forte réaction inflammatoire qui a tous les aspects d’un abcès, sans être de nature infectieuse. Il convient néanmoins de réaliser des soins locaux appropriés.
La raideur articulaire est systématique dans la chirurgie des griffes d’orteils mais sans incidence sur la marche.
Les complications propres à la chirurgie des orteils en griffe
Le risque de récidive de la déformation est conditionné par le geste chirurgical, l’importance de la déformation, mais aussi l’ensemble des facteurs favorisant la déformation et sur lesquels la chirurgie est sans action (pied plat, pied creux, surcharge pondérale, arthrose, les contraintes de la chaussure et les effets du temps....).
TRANSPORT
Tramway Ligne 2 Arrêt Sabines
Bus Ligne 17 & 18 & "La ronde" arrêt Sabines
PARKING (payant)
Au niveau -1 Accès direct par ascenceur
Accessible aux personnes handicapées & PMR
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